Il fait beau, vous avez une heure de temps devant vous. C’est le moment idéal pour sortir faire une balade avec votre chien. Harnais enfilé, chaussures lacées, vous voilà prêt à passer un bon moment en compagnie de votre boule de poil. La balade commence bien puis, tout d’un coup, votre chien se met à tirer en laisse ou à aboyer comme un fou à la vue d’un autre chien dans un jardin. Ce qui devait être une sortie calme vire au cauchemar. Dans ces cas-là, on a souvent envie d’écourter et de rentrer chez soi tout en râlant sur notre chien pour avoir gâché ce beau moment. Cette situation vous parle, félicitations, vous êtes l’heureux/se humain.e d’un chien dit réactif.
Qu’est-ce que la réactivité ?
Concrètement, ça veut dire quoi un chien « réactif » ? La réactivité n’a pas de définition claire dans le domaine canin. Certains la considère comme une réaction exagérée du chien face à un stimulus perçu comme dérangeant ou menaçant alors que d’autres préfèrent parler de simple réaction face à un stimulus. Ce qui fait consensus, c’est qu’il faut trois éléments clefs pour parler de réactivité : un déclencheur, une réaction et une conséquence.
Dans la réalité, tout humain qui partage sa vie avec un chien est confronté un jour ou l’autre à une réaction. Et ce n’est pas parce qu’un chien réagit une fois qu’il va forcément devenir réactif. La réaction peut donc être passagère et ne pas persister dans le temps. Elle est fréquente quand le chiot passe au stade de l’adolescence car c’est à cet âge qu’il expérimente la peur, le changement hormonal au travers de la puberté et voit apparaitre les comportements propres à sa race. Par exemple, un chien berger peut devenir moins à l’aise en présence d’humains étrangers, reculer, grogner ou charger aux environs de ses six mois. Et puis, pour d’autres, la réactivité devient la réponse par défaut dans certains contextes. Et c'est à ce moment qu'elle devient problématique et peut s’avérer gênante, voire dangereuse pour le chien et son environnement dans les cas les plus sévères.
Et oui, le chien idéal, c’est dans vos rêves. Gardez en tête que la réactivité est un comportement naturel et normal qui apparait un jour ou l’autre chez tous les chiens. Mais je vous rassure, on peut très bien vivre avec et la diminuer si nécessaire. Par contre, soyons clairs dès le départ, si le chien prend le fait de réagir, en employant l'agression par exemple, de façon systématique, nous ne pourrons pas supprimer à 100 % ce comportement !
À quoi ressemble la réactivité ?
Tous les chiens ne sont pas égaux face à la réactivité, nous verrons que les causes sont multiples, et que la génétique influence grandement la capacité d’un chien à gérer les situations potentiellement stressantes. Comment pouvez-vous savoir si votre chien est réactif ? C’est une question légitime et la réponse apportée dépendra en bonne partie de la définition de la réactivité qui sera prise pour baser notre jugement.
Si votre chien produit quasi systématiquement un comportement de fuite ou d’agression qui vous parait excessif, de votre point de vue d’humain, toujours sur la même cible (déclencheur), il y a de grandes chances que l’on puisse apposer à votre chien cette étiquette. Mais je voudrais insister sur le fait que si cette étiquette de chien « peureux », « sensible » ou « réactif » permet une prise de conscience de la part de l’humain vivant avec le chien, elle n’est en aucun cas réductrice. Votre chien n’est pas sa réactivité ! Nous y reviendrons.
Ai-je rendu mon chien réactif ?
Lorsque notre chien ne se tient pas « correctement » en extérieur, il est souvent difficile de supporter le regard ou la critique des autres. « Il est mal éduqué ! », « Il n’y a pas de mauvais chiens, que des mauvais maîtres » et je vous passe le cortège des phrases toutes faites, toutes plus biaisées et culpabilisantes les unes que les autres qui, sont le lot d’un humain de chien sensible. La première chose que je dis à tous les humains que j’accompagne dans le cadre de la réactivité, c’est que la situation n’est pas de leur faute. Peu importe d’où vient ton chien, ce qu’il a pu vivre comme expériences négatives ou traumatiques, peu importe comment tu as réagis, ce n’est pas de ta faute ! Certes parfois notre manque de connaissance ou de recul sur la situation nous a poussé à poser des actions qui n'étaient pas toujours les bonnes, nous avons une petite part de responsabilité dans l'accompagnement que nous avons procuré ou non à notre chien. Mais il ne sert à rien de se lamenter sur le passé que nous ne pourrons, de toute manière, pas modifier. Par contre, ce sur quoi nous avons prise, c’est le présent ; ce que nous allons pouvoir faire pour aider notre chien maintenant et tout de suite, la compréhension de ses besoins et de son fonctionnement que nous ne pourrons plus mettre de côté.
En réalité, la réactivité résulte de la conjoncture d’une multitude des facteurs, indépendants de votre volonté comme :
- la génétique : les gènes des parents et la qualité des soins maternels
- la qualité des expériences précoces et de la socialisation
- les expériences passées : positives, neutres ou négatives
- l’individualité : chaque chien à son caractère et sa propre manière de gérer le stress
- des soucis de santé ou hormonaux : cet aspect est particulièrement à creuser si les comportements réactifs apparaissent soudainement chez le chien adulte
Attention, volcan en réaction ! La puissance des émotions
Nous avons vu quels étaient les signes pour reconnaitre de la réactivité. Mais pourquoi est-ce que notre chien se met dans un tel état face à des situations qui nous paraissent à nous, humain.e.s, anodines ?
C’est la faute aux émotions ! Imaginez que votre chien est un volcan (pour un chien qui réagit violemment, vous n’allez pas avoir beaucoup de mal à visualiser la scène). Soudain, un chien apparait de l’autre côté de la rue et suit son chemin… droit dans votre direction ! Plus il se rapproche, plus votre chien commence à se tendre ; il aperçoit l’objet de ses pires cauchemars (ou de ses rêves pour les grands frustrés), commence à le fixer. Sa queue se dresse, figée, ses oreilles pointent telles deux radars en direction de l’arrivant. La suite, vous la voyez venir. Plus l’autre chien va se rapprocher de vous, plus votre chien va se tendre jusqu’à exploser, bondir au bout de sa laisse, aboyer comme un fou en direction du déclencheur : le volcan entre en éruption ! À ce moment précis, votre chien se laisse submerger par ses émotions et ne peut plus les retenir. Les comportements tels que : charger, aboyer de façon dissuasive ou frénétique, grogner, etc. sont en fait les symptômes, la partie visible de l'iceberg de la réactivité., d'un bouleversement émotionnel.
Ce serait réducteur d'affirmer que tous les chiens réactifs ont peur. Car la peur n'est pas la seule émotion débordante à l'œuvre dans la réactivité. Votre chien peut bien sûr ressentir de la peur face au stimulus et décider de l'éviter par agression de distanciement (écarter le déclencheur). Il peut aussi ressentir de la colère, de la frustration car il a trèèès envie de rejoindre le déclencheur mais en est empêché par la barrière de la laisse. Peu importe l'émotion, elles se valent toutes si elles vous empêchent, vous et votre chien, de vivre sereinement.
Bien plus qu’une étiquette !
J'ai l'habitude d'employer le terme réactivité car c'est celui qui parle au plus grand nombre. Cependant cela ne veut pas dire que je réduis un chien, ses émotions et le contexte particulier auquel lui et son humain sont confrontés à ce simple mot. Afin d'accompagner un binôme vers plus de sérénité, il est impératif d'opterp pour une prise en charge globale. Celle-ci passera au crible les habitudes de vie, les besoins, l'historique de la réactivité, les besoins de l'humain également. C'est pour cela que je ne propose pas un plan d'action systématique qui fonctionnerait pour toutes les réactivités. Tout simplement parce que cela n'existe pas; enfin si malheureusement, on trouve de tout sur internet. C'est facile à l'aide d'une vidéo bien montée, de quelques images de vous vendre une formation lisse et standardisée censée régler tous vos maux en quelques jours / semaines. Il existe tout de même de très bonnes formations qui prennent l'humain du chien réactif par la main et l'aident à comprendre sa situation propre et mettre en place un plan de travail adapté à son chien. Cela suppose toute fois d'avoir de bonnes bases en compréhension du chien, d'être autonome et rester motivé tout le long d'un proccès qui peut durer des mois et parfois des années.
Je suis partisane d'un accompagnement plus individualisé qui apporte expertise, regard extérieur (donc de l'objectivité) et du réconfort dans le travail du chien sensible / agressif / réactif. Avoir une personne de confiance à qui parler et avec qui partager une difficulté qui peut être impactante dans notre vie, ça n'a pas de prix. C'est ce genre d'accompagnement que j'aurais aimé trouver, il y a 4 ans, quand j'ai fait face à la réactivité de Sweet Tea en sortie d'adolesence.
J'aimerais terminer cet article par une note positive, voire même deux. Puisque votre chien ne peut être résumé à sa réactivité, car elle est contextuelle, vous pouvez vivre ensemble plein de beaux moments en adaptant le quotidien et en vous ménageant des temps de complicité. Il existe plusieurs activités que l'on peut pratiquer avec un chien réactif et qui peuvent lui procurer du bien-être et davantage de confiance en lui. Et surtout, n'oubliez pas que la réactivité n'est pas une fatalité, vous pouvez faire la différence et l'améliorer ! 😉
Vous ressentez le besoin d'être guidé dans la prise en charge de la réactivité ? Contactez-moi pour que nous puissions en discuter.