Comment bien choisir son élevage ? Voilà une question qui se pose lorsque l'on décide d'adopter un chiot issu d'une certaine race. Voici quatre conseils pour trouver un élevage éthique avec des chiots en bonne santé et bien dans leurs pattes.
1. Privilégiez les petites structures
On dit en général d’éviter les élevages proposant plus de deux races et ce pour plusieurs raisons. La première est que, chaque race ayant ses spécificités, il est difficile pour un éleveur d’être renseigné pleinement sur de nombreuses races. Connaissance du standard, des maladies et prédispositions génétiques, nouage de contact avec d’autres éleveurs passionnés pour conclure des mariages intéressants, sont autant de tâches coûteuses en terme de temps à renouveler pour chaque race. Se proclamer expert d’une dizaine de races, ce n’est simplement pas possible.
Ensuite, un éleveur consciencieux traitera ses propres chiens comme de vrais chiens de famille et sera soucieux de leur bien-être. Il ne suffit pas de détenir des mâles et des femelles en nombre, de les nourrir et de les lâcher dans des enclos ou un jardin jusqu'à la période des chaleurs. Saviez-vous que certains traits comportementaux des parents se transmettent à leur descendance… Alors imaginez des chiens qui vivent en enclos, en sortant rarement en balade et n’ayant pas d’autres activités que d’aboyer sur les quelques humains qui viennent visiter l’élevage. D’autant plus que ce seront les conditions peu propices dans lesquelles grandira votre chiot. Nous y reviendrons un peu plus loin. Bref prendre soin d’un chien et répondre à ses besoins demande du temps. Plus il y a de chiens, plus le temps nécessaire s’accroit. Je vous laisse imaginer le temps qu’il faudrait pour un élevage d’une vingtaine de chiens…
Beaucoup de chiens détenus au même endroit génère souvent du stress ; il y a proportionnellement plus de bruit, des contacts pas toujours consentis car les chiens sont parfois mis avec des congénères avec lesquels ça ne colle tout simplement pas. Ce contexte est loin d’être adapté, particulièrement à des femelles gestantes. Même in utero, les chiots sont sensibles au stress que pourrait vivre leur mère. Le stress prolongé durant la gestation a un impact négatif sur le tempérament des chiots ainsi que sur leur développement. Le stress pourrait même faire en sorte que la chienne ne s’occupe pas de ses petits après la mise bas. Un élevage sérieux proposera à ses chiennes des endroits calmes et sous surveillance pour mettre bas et vivre les premières semaines avec leurs chiots dans la tranquillité. Ne vous étonnez pas, certains éleveurs dorment même à côté des caisses de mise bas avant et après celle-ci pour s’assurer que tout se passe au mieux.
Une belle maman tranquille dans son parc à l'élevage Dust of snow Kennel
Demandez à voir les parents
Le grand jour est arrivé, vous vous rendez tout excité à l’élevage pour rencontrer votre futur compagnon. Une fois les grilles passées, on vous accueille avec le chiot vu sur photo dans les bras. Pourquoi est-il tout seul ? Souvent vendu comme « le dernier » de la fratrie, celui dont personne n’a voulu, celui qui vous attendait ô coup de pouce du destin. (Je dirais plus tôt simple technique marketing !). Ce premier élément doit vous mettre la puce à l’oreille que quelque chose cloche potentiellement. Dans ce cas, demandez à voir les parents. Si les chiots sont bien nés chez le prétendu éleveur, la mère doit également s’y trouver. Il est fréquent que le père ne soit pas sur place car les saillies se font souvent entre élevages différents. On vous dit que ce n’est pas possible de voir au moins la mère ? Fuyez ! De jeunes chiots seuls vous indiquent que l’éleveur les a achetés, souvent à l’étranger, et qu’il est en fait un simple revendeur de chiens. L’importation de chiens de l’étranger doit se faire selon certaines règles négligées par les revendeurs peu scrupuleux qui n’hésitent pas à falsifier passeport et date de naissance pour passer entre les mailles du filet. Les chiots issus de ce commerce proviennent de fermes à chiens n’offrant pas des conditions de vie décentes aux reproducteurs qui se résument à des organes reproducteurs : chiens vivant dans de toutes petites cages dans des hangars, aucune sélection des parents, aucune socialisation des chiots, hygiène souvent déplorable et j’en passe.
Une maman corgi bien chouchoutée deux semaines avant le grand jour, Elevage du Point du Jour
Demandez les tests de santé
Lorsque l’on choisit d’adopter un chien de race, il faut tenir compte des potentielles maladies génétiques inerrantes à la race. Lorsque l’on décide de créer une race, on va sélectionner des individus avec certaines caractéristiques physiques particulières que l’on va vouloir retrouver de génération en génération. Par exemple, on veut que les labradors aient une robe unie de couleur sable, noire ou chocolat et rien d’autre. Pour cela, les éleveurs croisent entre eux des individus porteurs de ces caractéristiques recherchées. Le souci, c’est qu’en sélectionnant seulement certains reproducteurs, on réduit inévitablement la diversité génétique et l’on augmente, par la même occasion, la présence et la fréquence de certains gènes codant pour les maladies. Ce sont des maladies dites génétiques. Si votre chiot est porteur de ces maladies, il a de très grandes probabilités de le développer au cours de sa vie. En tant que propriétaire de chien, nous espérons la vie la plus longue et saine pour nos compagnons. Cela commence par s’assurer qu’ils ont une bonne génétique car, si l’on peut modifier le comportement, nous n’avons pas de prise sur la génétique d’un chiot déjà né.
Une fois que vous avez choisi la race de votre futur chien, renseignez-vous sur les maladies fréquentes au sein de la race et les tests effectués pour dépister ces maladies. Les groupes de discussion, clubs de races et éleveurs seront là pour vous renseigner. Une fois les tests identifiés, il faudra demander à l’éleveur de vous montrer ceux de ses reproducteurs. Le chien parfait n’existe pas ; tous les reproducteurs ne doivent pas être sains de toutes les maladies génétiques. Par contre, l’éleveur doit choisir consciemment ses mariages pour éviter de faire ressortir des maladies graves et améliorer la santé globale de la race. Un éleveur qui vous dit ne faire aucun test de santé ou qui ne veut pas vous les présenter n’est pas fiable. Attention également au fait que certains tests doivent être effectués tout au long de la vie des reproducteurs. C’est notamment le cas de ceux pour les maladies cardiaques et oculaires car elles peuvent apparaitre au fil des années.
En France, la Société Centrale Canine met à disposition de tout un chacun un outil incroyable qu’est le Lof select. Concrètement, c’est un annuaire reprenant élevages et reproducteurs inscrits au LOF ou reconnus par la FCI, dans lequel sont indiqués les tests de santé et d’autres informations intéressantes comme le taux de consanguinité ou encore le nombre de portées et leurs dates. En entrant le nom ou l’affixe d’un chien, vous pouvez avoir accès à toutes ces informations pour peu que l’éleveur les ait mises à jour. Les tests génétiques sont coûteux pour l’éleveur, il a donc tout intérêt à les faire valoir auprès de ses futures familles. Dites-vous bien que s’il n’est pas fait mention des tests, c’est souvent qu’ils n’ont pas été réalisés. Dans ce cas : méfiance ! Malheureusement il n’existe pas un tel outil pour les élevages belges, à ma connaissance.
Nous sommes parfois tentés de prendre un chiot déjà disponible sans chercher plus loin parce que nous en avons envie maintenant et tout de suite. Et même si le chiot semble en bonne santé, cela ne vous met pas à l'abri des maladies génétiques dont bon nombre apparaissent avec l'âge et engendrent des coûts parfois importants. Par exemple, si votre chien est atteint de dysplasie sévère de la hanche et que celle-ci n'est pas opérable, il faut parfois opter pour la pause d'une prothèse qui peut vous coûter jusqu'à 10 000 €... D'autres chiens peuvent devenir aveugles, sourds ou développer des maladies dégénératives menant à la paralysie. Mieux vaut mettre le prix pour un chiot sain et testé que de payer (désolée du jeu de mot) les pots cassés en termes de santé plus tard !
Du temps pour les chiots
Lorsqu’on est éleveur, il ne suffit pas de mettre un mâle en contact avec une femelle au bon moment et laisser la nature faire le reste. Avec la domestication, il y a bien longtemps que l’homme a pris la place de la sélection naturelle. Afin de donner toutes les chances à un chiot et à sa famille de vivre une belle histoire sereine, l’éleveur a une série de choses à mettre en place. Avant la naissance des chiots, il est déjà possible de pratiquer des massages sur le ventre de la chienne pour stimuler les sens naissants et habituer tout doucement le futur chiot au contact. Ensuite, en fonction de la phase de développement dans laquelle va se trouver le chiot, il y aura plusieurs protocoles qui pourront être mis en place comme le early neurological stimulation, ou protocole de stimulation précoce qui consiste en une série de mouvements et positions à faire prendre au chiot pendant quelques secondes quotidiennement. Ce protocole vise à réduire le stress et augmenter la résilience du chiot à l’âge adulte. On trouve également des protocoles de stimulation olfactives où de nouvelles odeurs sont présentées régulièrement à la portée au cours de son développement.
Apprentissage progressif de la propreté pour un adorable épagneul français, élevage du bois des grandes landes
Mettre en place une socialisation de qualité demande également du temps et des connaissances. La socialisation, c’est quoi ? C’est la période où le chiot va être le plus ouvert à découvrir son environnement et créer des associations négatives ou positives fortes avec les éléments qui l'entourent. Elle s’étend généralement de 4 à 12 semaines voir plus selon certains. Il faut profiter de la plasticité du cerveau à cet âge pour faire découvrir de nouvelles situations, objets et êtres animés qui feront partie de la vie future de votre toutou. Concrètement, les éleveurs vont enrichir le milieu de vie de leurs petits protégés : jouets, odeurs, textures, sons et bruits divers. Ensuite viendra le temps des « puppy parties » où les chiots rencontreront humains et chiens inconnus afin de les intégrer à leur répertoire. Sans oublier la découverte du monde extérieur ! Et croyez-moi, une portée de cinq chiots c’est déjà très remuant ; les renforts sont souvent les bienvenus pour surveiller et canaliser ce beau petit monde. Nous pourrions aller encore plus loin en parlant des entrainements ultra importants mis en place par les éleveurs investis : prémices de l’apprentissage de la propreté, gestion de la frustration, soins et manipulations comme couper les griffes, s’habituer au collier, au harnais, à la marche en laisse et à la caisse de transport. La liste est non exhaustive. Tout ce travail fait tôt et en amont offrira déjà de bonnes bases pour poursuivre l'éducation.
Plus la portée est grande, plus il faudra de temps à l’éleveur pour s’occuper individuellement de chaque chiot. Faire grandir une portée équivaut à un travail à plein temps loin d’être de tout repos.
Certes, il faut parfois être patient pour accueillir un chiot d'un petit élevage avec une petite production. Mais cela en vaut largement la peine !
Le travail de socialisation en image chez Legendares Kennel